Le Poujol sur Orb à travers les âges
Dès le néolithique, on trouve des traces de peuplement autour du Poujol.
La période gallo-romaine laisse des restes d’un habitat plus dense (emplacement d´une exploitation agricole, une villa, au lieu dit « Le Viala » tuiles, tessons de poteries diverses et surtout un intaille de jaspe rouge gravé).
Ce n´est qu´au VIème siècle qu´on trouve réellement des indications sur le château du Poujol, perché sur un « puech » dominant la vallée, autour duquel s´accroche le village. L´église paroissiale est alors St Pierre de Rhèdes, érigé en prieuré. De l´autre côté de la vallée veille le château de Mourcairol. Les terres du Poujol seront apportées en dot à Pons de Thézan par son mariage avec Garsinde de Poujol en 1215 et resteront dans cette riche famille jusqu´à la Révolution.
Tout au long des siècles, le Poujol a traversé des périodes de relative stabilité et de prospérité, suivies de misères noires dues aux turbulences de l´Histoire :
- invasion des Wisigoths qui anéantit les voies commerciales ouvertes par les Romains
- croisade contre les Albigeois et le banditisme qui s´ensuivit
- tueries de religion durant lesquelles le Poujol resta un bastion du papisme
- la Révolution qui fit du Poujol une petite « Vendée »
- les débuts de l´ère industrielle qui laissa la commune un peu en marge de Bédarieux
- les deux guerres qui vidèrent le village de tous ses hommes jeunes et valides
D´autres désastres s´abattent de façon cyclique sur les Poujolais chaque fois qu´ils arrivent à redresser la situation économique :
- les épisodes de peste
- la grippe espagnole qui fut meurtrière
- les conditions climatiques (inondations dévastatrices de l´Orb, hivers rigoureux, sècheresse) qui anéantissent les récoltes et créent la famine
- les impôts toujours trop lourds pour les plus humbles.
Le fatalisme paysan étouffe toute velléité de révolte, les idées nouvelles ne passent pas facilement dans ce milieu profondément traditionaliste : « es totjorn estat, e sera totjorn coma aco ! ».
L´économie poujolaise est agricole ce qui lui permettra de vivre en autarcie, et de faire un peu de commerce, mais au prix d´un perpétuel labeur pour construire les murettes en pierres sèches qui retiendront la terre des montagnes. De tous temps les paysans poujolais ont cultivé la vigne et l´olivier, élevé des brebis et des chèvres, exploité le châtaignier et le chêne vert, semé céréales et pommes de terre, planté des mûriers pour l´élevage du ver à soie et pratiqué un artisanat lié à ces cultures : tonneliers, cercliers, maréchal ferrant, tisserands (laine, soie, chanvre), vanniers (corbeilles pour la célèbre fraise du Poujol « la Marguerite »).
Pour arriver à survivre, nombreux étaient ceux qui allaient « faire des journées » chez les bourgeois plus aisés, et tous travaillaient un lopin de jardin.
Malgré une pauvreté endémique, tous les enfants étaient scolarisés, les filles chez les « demoiselles », les garçons à l´école de la République.
La route départementale n° 8, enfin goudronnée, permet d´aller de Lodève à Castres.
Puis tout s´enchaîne entre 1920 et 1960 : l´électricité, l´eau courante, le tout à l´égout, un nouveau toit et un nouveau clocher pour l´église, une nouvelle mairie, la place de l´Imbaïsse, l´expansion de la viticulture (quelques décennies de réelle prospérité…).
La crise économique des années 60 frappe de plein fouet une population vieillissante. Les femmes vont travailler à Lamalou, station thermale dont l´expansion inespérée offre de nouveaux emplois. D´autres « s´expatrient » vers la capitale (ils reviendront à la retraite !). Certains trouvent des emplois à Bédarieux, Béziers ou Montpellier…
L´agriculture, en pleine restructuration, manque de disparaître, on arrache la vigne, l´olivier a gelé, les arbres fruitiers ne sont qu´un revenu d´appoint… l´artisanat lié à la viticulture disparaît et laisse place à une autre génération, liée à l´expansion de l´urbanisme : maçons, menuisiers etc… Le vieillissement de la population appelle une nouvelle forme d´économie : médecins, kinés etc… et la maison de retraite ne désemplit pas.
La population se stabilise dans les années 80, de jeunes couples s´installent, le groupe scolaire accueille des enfants de la maternelle au CM2, avec cantine et garderie.
La vie associative se poursuit plutôt mieux qu´ailleurs, et touche le sport, la culture et les animations, malgré la crise du bénévolat. Le vieux village garde son charme pour les amoureux des vieilles pierres, les fresques de l´Eglise St Jean ont retrouvé leur éclat d´antan (XIXème siècle), le parcours sportif offre une nature variant au rythme des saisons. Mais il ne faut pas croire que les Poujolais étaient tristes et austères ! |
Et Noël, avec ses rosières, ses bals et ses lotos.
Et Carnaval, avec ses repas, la promenade des cornes réservée aux nouveaux mariés, le « trempe-cul » dans le « cornut » en guise de représailles, la « buffatière », le « balandan » et ces chars dont on était si fier qu’on allait les faire admirer à Lamalou… farces, plaisanteries, chahuts nocturnes entraînaient bien quelques débordements qui faisaient partie de la tradition et qu´on ne tolèrerait peut-être plus aujourd´hui.
Aujourd’hui encore, le Carnaval est l´occasion d´un défilé de chars dans les rues du village, au son de la musique d´une Peña, escortés par les Poujolais grimés et costumés. Il donne lieu à des exhibitions loufoques. La fête se termine en brûlant Monsieur Carnaval pour marquer la fin de l´hiver et le renouveau du printemps.
Plusieurs vide greniers sont aussi organisés pour le plus grand plaisir des chineurs. Les visiteurs peuvent s’y régaler d’une dégustation de moules frites.
De nombreuses manifestations associatives ponctuent toute l´année, donnant, comme par le passé, l´occasion aux Poujolais de se retrouver avec leurs amis des villages voisins pour rire, boire, manger et danser ensemble.